L’immense graphiste Etienne Robial, auteur du fameux logo de Canal +, et de tant d’autres dont celui de Penninghen, inventeur du concept d’habillage en télévision, fait depuis le 10 novembre dernier et jusqu’au 11 juin 2023, l’objet d’une riche rétrospective au Musée des Arts Décoratifs soutenue par Penninghen.
Depuis presque trente ans, c’est à Penninghen qu’Etienne Robial enseigne sa pratique et y forme ses possibles successeurs. Depuis cet automne et jusqu’à juin 2023, le Musée des Arts Décoratifs de Paris lui consacre une riche rétrospective à laquelle Penninghen a apporté sa contribution par une action de mécénat. À travers une sélection de projets phares, sont évoqués les divers casquettes et métiers d’Etienne Robial en tant que graphiste, éditeur, directeur artistique, collectionneur mais aussi enseignant avec sa méthode personnelle originale et éprouvée.
La méthode Robial rigoureuse et ludique
Etienne Robial est “L’expert” de la chose graphique, aussi passionné que généreux. Son approche du graphisme, aussi méthodique que joyeuse, tout à fait singulière, est tout autant pédagogique que ludique.
Depuis plus de 25 ans, Etienne Robial et Penninghen entretiennent une réelle et solide connivence. En tant qu'enseignant, son approche singulière de graphiste émérite et reconnu, formé auprès du Suisse Max Bill notamment, a bénéficié à plusieurs générations d’étudiants de Penninghen. Elle a largement contribué à forger la réputation des diplômés sortis de son atelier, dans le monde professionnel, comme celle des élèves qui, avant lui, ont été formés auprès de Roman Cieslewicz.
Au sein de la rétrospective du MAD, un espace consacré à son enseignement et sa méthode pédagogique en donne un aperçu. Une sélection de certains des fameux exercices donnés à ses étudiants et bien entendu conservés comme le carré, le cercle chromatique, la charte graphique, sont présentés dans un séquençage précis qui rappelle la nécessaire rigueur qu’impose la pratique. Exposés dans des vitrines, les projets de diplômes de quatre de ses étudiants de Penninghen sont également exposés, venant apporter un éclairage sur son influence ou son impact, auprès de ses jeunes héritiers.
La scénographie de l’exposition, variée et multiple, généreuse et foisonnante reste néanmoins extrêmement normée et rigoureuse. Pensé avec précision, didactique autant qu’inattendu, le parcours donne à voir son approche d’érudit, éclairé et exigeant, que certaines de ses collections personnelles exposées au gré des salles, viennent ponctuer comme autant d’indices que l’on peut s’amuser à repérer, formellement en écho, au détour de projets.
Etienne Robial, le graphiste derrière le logo de Penninghen
La complicité d’Etienne Robial avec Penninghen s'est par ailleurs symboliquement concrétisée il y a six ans par un acte graphique fort et ambitieux.
Ainsi, en reprenant la direction de l’école en 2016, Gilles Poplin a eu l’envie de lui redonner un nouveau souffle, lui attribuer l’identité qu’il ambitionnait pour elle. Pour la réveiller et encore mieux la révéler, c’est à Etienne Robial qu’il a souhaité confier la mission de s’emparer de la nouvelle image de Penninghen. En composant le nouveau logo à partir du Synthèse, typographie conçue et dessinée par Gilles Poplin avec le concours de Jean-Baptiste Levée en 2012, Etienne Robial a lui-même souhaité "dessiner" la nouvelle image de Penninghen. En lui donnant ses lettres il l'a érigée au rang de marque. Il a donné à l’école un visage et ainsi, insufflé à son image, son sens profond.
Malgré l’apparente simplicité de leur dessin, comme souvent dans le graphisme de Robial, les dix lettres de PENNINGHEN s’articulent avec intelligence, incarnant chacune un élément différent de l’ADN de l’école, pour créer un tout cohérent à l’aspect visuellement stable et intemporel, comme on le découvre sur le tracé régulateur présenté dans l’exposition du MAD. Un véritable logo Robial : un lettrage, une grille, un carré, le noir, le blanc, les proportions et une typographie qui vient asseoir le système d’identification. Pas d’effet de style mais un système graphique. Faire un logo de marque.
Attentif à sa bonne application, c’est en pédagogue et professionnel qu’il a confié à Jules Banide, directeur artistique de Penninghen et ancien de ses élèves il y a près de dix ans, la mission de s’approprier le vocabulaire graphique afin d’en construire la grammaire, développer ainsi son propre langage pour faire vivre la charte graphique. Utilisé sur tous les supports de communication, le système graphique de Penninghen est identitaire. Identifié et remarquable, le logo et son système incarnent l’image de Penninghen et celle de toute son histoire et de l’ensemble de sa communauté de diplômés et d’enseignants, passés et actuels
"On est l’un des rares musées à faire des expositions de design graphique, en montrant le travail des protagonistes" Amélie Gastaut, commissaire de l’exposition
La présentation de la méthode d'enseignement d’Etienne Robial à Penninghen présentée au sein de sa rétrospective invite à encore mieux apprécier son graphisme, lequel a littéralement dessiné le monde des médias depuis les années 80. Au-delà de l’aspect plastique d’une esthétique des systèmes graphiques, elle apporte un éclairage technique instructif et pédagogique qui vient idéalement compléter et accompagner la lecture de l’ensemble des œuvres exposées dans la rétrospective du MAD, quatre ans après celle également sous le commissariat d’Amélie Gastaut consacrée à Roman Cieslewicz, autre illustre enseignant de Penninghen dont Etienne Robial a précisément repris le cours à Penninghen en 1996.
ETIENNE+ROBIAL. GRAPHISME & COLLECTION, DE FUTUROPOLIS À CANAL+
MAD Paris, du 10 novembre 2022 au 11 juin 2023 avec le soutien de Penninghen