Sabine Forget est diplômée de Penninghen en direction artistique. Elle y enseigne depuis 14 ans, après un parcours professionnel de plus de 20 ans en agence de communication en tant que directrice artistique puis directrice de création. En parallèle de son enseignement à l'école, elle poursuit aujourd'hui son métier de directrice artistique indépendante et celui de reporter croquis via son agent. Avec nous, elle est revenue sur ses souvenirs d’étudiante, sa vision du métier de directeur artistique et son approche pédagogique.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’enseigner à l’école ?
Je me suis rapprochée de l’école pour y enseigner car j’en gardais un très bon souvenir en tant qu’étudiante. C’était ma maison. Rien ne m'avait prédestinée à venir étudier à Penninghen puisque j'arrivais d'un bac scientifique et je m'orientais vers la biochimie... Ce sont les portes ouvertes qui m'avaient subjuguée, donné l'envie de changer de cap et d'intégrer immédiatement l'école. Après plus de 20 ans salariée en agence ( pub, communication graphique, prospective... ) j’avais le sentiment d'avoir des choses à apporter et à transmettre aux étudiants.
Tout en poursuivant mon activité de graphiste en free lance, j'ai d’abord commencé par enseigner la direction artistique pendant 10 ans aux étudiants de 2e année. C’était cohérent avec mon parcours et mon activité professionnelle. Le jour où l’école a eu besoin d’un remplaçant en croquis et dessin, je me suis également proposée car en parallèle de la direction artistique j'ai toujours eu une activité de croquis ( mon diplôme de fin d'études mettait d'ailleurs en scène le croquis ) Désormais j'interviens aussi en mastère communication où je donne des cours de sketching.
Comment définiriez-vous la pédagogie de Penninghen ?
Je dirais que c'est un enseignement qui repose sur la capacité à s'exprimer librement au travers de contraintes. Quand les étudiants arrivent en prépa, dans tous les cours et sur chaque projet ils sont confrontés à des contraintes : sujets, délais, couleurs, formats… Tout l'intérêt est d'y répondre en se frayant un chemin pour proposer une réponse créative personnelle et réjouissante. Contraintes et création : le duo est intéressant !
L'exigence est également au cœur de la pédagogie de l'école. Celle des enseignants vis à vis des étudiants mais également celle que les étudiants développent progressivement vis à vis d'eux-même, autour de leurs propres travaux et de leurs créations. La pédagogie de Penninghen fait comprendre dès la première année la réalité du métier de créatif. Cette réalité métier et professionnelle fait tout l’intérêt et toute la force de cette école selon moi.
Que souhaitez-vous transmettre aux étudiants et sur quels points souhaitez-vous les sensibiliser ?
Je souhaite leur faire comprendre qu'ils vont faire un métier fantastique mais épuisant et qui nécessite de donner en permanence le meilleur de soi même. C’est un vrai boulot que de faire une réponse à une demande ! Ces métiers de passion nécessitent de s’investir vraiment à 100%. Nous les sensibilisons à la façon dont ils doivent aborder et s'approprier un brief, à être satisfaits de chacun de leurs rendus, à trouver l’équilibre entre s'amuser et répondre à une demande. C'est cela qui fera un bon directeur artistique ou plus largement un bon créateur. A travers le cours de croquis, l'étudiant apprend non pas à voir mais à regarder, de façon à comprendre ce qu’il observe pour savoir le retranscrire. Tout le monde a déjà vu un corps humain, mais personne ne regarde un corps en pensant structure, proportions, équilibre, caractère... C'est également un cours qui convoque la réactivité : les poses sont courtes, parfois très courtes (2mn), chaque séance a lieu avec un modèle différent, chaque pose est différente et on préconise également de changer de place et d'outil au cours des séances. Cela place les étudiants dans une situation nouvelle à chaque instant et les familiarise avec le changement, l'inconnu, propre à notre métier.
Est-il vrai que l'on peut intégrer Penninghen sans savoir dessiner ?
Absolument, on peut intégrer Penninghen sans savoir dessiner, on apprend en prépa. Nous reprenons les bases et la progression se fait tout au long de l'année. Le principe de notation où le 3e trimestre compte double est justement fait pour les étudiants arrivant sans savoir dessiner. Je me souviens d’un élève qui ne savait pas dessiner à son arrivée en prépa et qui est sorti major de sa promo en architecture intérieure. Avec volonté, concentration et persévérance on y arrive !