Les étudiants de Penninghen, acteurs de leur époque et constamment en veille, sont régulièrement inspirés par les questions environnementales et apportent leurs réponses créatives aux nombreuses problématiques induites par le développement durable.
Le gaspillage et la surproduction obligent à la prise de conscience, à la responsabilité et à l’inventivité afin que les actions soient aussi efficaces que pérennes. Joséphine Glaser, directrice artistique, a conçu Tri, système graphique de code destiné à optimiser l’organisation du tri des déchets en amont du processus de recyclage. Le gaspillage induit par le secteur de la mode et sa surproduction a inspiré le projet Wear de Marylin Noyer, pour une campagne de sensibilisation choc d’affiches qui dénoncent les dangers de l’accumulation générée par la fast fashion. Partageant une vision plus respectueuse et essentialiste de l’industrie du textile et prônant une économie circulaire, l’architecte d’intérieure Pénélope Laforge a réalisé Keep, un lieu hybride dédié aux nouveaux acteurs d'une mode plus durable, selon une conception architecturale écologique et responsable.
La question de l’essentialité
Ingénieurs, concepteurs, designers, architectes questionnent et détournent les habitudes de consommation, encouragés à re-créer et inscrire en l’homme des problématiques d’usage innovantes et responsables. C’est ce qui a amené l’architecte d’intérieur Mathieu Loscul à interroger le mythe de l’habitat primitif et concevoir une cellule habitable autonome dans un soucis d’optimisation de confort, de technologie et d'auto-suffisance, pour répondre à la question de l’essentialité : quelle surface habitable nous faut-il ?
Reconsidérer le contenu de nos poubelles fait émerger la créativité. Margaux Lié-Biancarelli relève le défi et propose avec son projet Sustainable luxury d’inscrire l’univers du luxe et ses usages à priori très éloignés, dans une démarche éco responsable. Ralentir la production, la consommation et donc la pollution, incite à la pratique de l’upcycling, contraignant ce cercle vicieux à devenir vertueux.
Utiliser le superflu pour le valoriser
Des matières premières originales issues du recyclage encouragent des pratiques inédites d’où émerge une esthétique aux canons renouvelés. C’est ce que l’architecte d’intérieur Thi Minh Trang Nguyen démontre à travers Trash to treasure qui réinvestit la pollution plastique des océans dans une structure temporaire utile. Sans cynisme, la pollution, omniprésente, peut être inspirante comme le suggère Mathieu Delion à travers MWP, Made With Pollution, magazine qui traque le beau partout, surtout là où ne pense pas à regarder. Notifications, plastique, spams, pétrole... notre monde est pollué à tous les niveaux, dans tous les milieux, à toutes les échelles. C’est ce que pointe Antonia Lang avec (dis)connect, projet éditorial sur la pollution non virtuelle et bien réelle qu’est la pollution digitale.
Préserver le vivant et s’y adapter
S’engager à protéger le monde vivant incite également à l’adaptabilité. C’est le rôle des créateurs qui se questionnent et alertent par leurs réponses singulières. Ainsi Kaixuan Wang a réfléchi à l’élaboration d’un biotope modulable et écologique d’habitats et micro-quartiers sous la ville. Considérant qu’en 2020, 2.2 milliards d’êtres humains ne disposent pas d’un accès à l’eau potable chez eux et que d’ici 2050, la demande en eau augmentera de 55%, le projet No Water, No Life de Clara delahaye vise à sensibiliser à ce danger. Par la création d'une annexe au code civil, d’une déclaration des droits de l’eau, ainsi qu’une application restrictive de régulation de la consommation d’eau domestique, la directrice artistique met son travail graphique au service de la prise de conscience de ce dramatique phénomène en rappelant par sa production artistique l’importance de cette ressource vitale. Créer pour sauver. Concevoir l’espoir.
