Deux grandes figures de Penninghen réunies à Katowice en Pologne.
Il y a plus de quarante ans, un tête à tête complice entre Roman Cieslewicz et chantalpetit débutait autour de la revue artistique et littéraire “Le Fou parle” de Jacques Vallet, qui publiait leurs travaux avec ceux d’autres membres du groupe Panique, dont leur grand ami commun, l’immense Roland Topor. En 1980, l'exposition Panique universelle, rassemblera une trentaine d'artistes internationaux dont Topor, Olivier O. Olivier, Christian Zeimert, Mark Brusse, Erik Dietman, Daniel Spoerri et Pole Bury mais également Roman Cieslewicz et Chantalpetit. Installés quelques mois plus tard à Malakoff, ils enseignent à Penninghen respectivement le dessin et l’art graphique, figures mémorables de l’histoire de l’école. Parallèlement, chacun dans son atelier, ils poursuivent leur propre parcours et n’exposeront ensemble qu’à l’occasion d’événements collectifs du groupe Panique. L’exposition “Roman Cieslewicz et chantalpetit en tête à tête” dont Penninghen est partenaire, réunit pour la première fois les deux artistes, proposant un dialogue unique entre leurs œuvres. La juxtaposition du travail de chantalpetit et de Roman Cieslewicz, voulue par le commissaire d’exposition Alexandre Devaux, crée une interaction unique qui révèle une réelle interdépendance dans leur expression artistique, au-delà de la complicité qui les unissait. Le titre donné à l’exposition, évoque la joute, l'échange, seul à seul, et résonne en écho avec la thématique qui est régulièrement convoquée par l’un et l’autre : la figuration de la tête. Cette thématique est effectivement littéralement présente au centre de leur travail et leur recherche respectifs. Par ses collages, photomontages et jeux graphiques, Roman Cieslewicz joue à décomposer les têtes pour mieux les recomposer : les coupe, les cache ou parfois les supprime…, la tête devenant motif graphique. Dans l'oeuvre de chantalpetit, le traitement plastique de ce motif est de fait très différent, même si la fragmentation, la dissimulation, la décollation ou l’évocation de l’âme sont également convoqués, leur portée prenant cependant un sens plus symbolique, mythique, mystique, plus religieux, là où chez Roman le message est davantage politique ou moral. Ainsi, c'est un éclairage passionnant, émouvant, et amusant aussi, sur ce dialogue unique et perpétuel, engagé il y a quarante ans entre ces deux grands artistes complices, que ce tête à tête invite à partager.
Du 11 novembre au 19 décembre 2019, galerie Rondo Sztuki, Katovice, Pologne