Témoin éclairé et critique de la société contemporaine de la seconde moitié du xxe siècle, c’est par l’œil que Roman Cieslewicz a cherché à bousculer les consciences.
Il a construit pendant près de 50 ans dont 35 passés en France, une œuvre éclectique, dans laquelle se sont épanouies de nombreuses formes d’expressions graphiques (affiche, publicité photomontage, édition, illustration), engagée, esthétique, souvent teintée d’humour, d’irrévérence, et d’un second degré parfois cynique mais jamais gratuit ou malveillant. Immense artiste de la scène graphique internationale, issu de l’École de l’Affiche polonaise, c’est en 1963 auprès de Peter Knapp qu’il collabore au tout début de sa carrière française comme maquettiste au magazine ELLE avant d’en devenir le directeur artistique de 1965 à 1969. C’est à la même époque qu’il contribue à la naissance du magazine d’art Opus International, dont il définit la ligne graphique. Parallèlement à ses travaux de commandes pour l’agence de design et de communication MAFIA dont il est le premier directeur artistique, Roman Cieslewicz développe toute une oeuvre sériée : photomontages, collages répétitifs, collages centrés, au service de la publicité, de l’édition ou de la communication pour des institutions culturelles. Membre du groupe Panique, fondé en 1960 notamment par Fernando Arrabal, Roland Topor, Alexandro Jodorowski, Abel Ogier, Olivier O. Olivier, il crée Kamikaze, la revue d’information du groupe en 1976, véritable laboratoire expérimental d’images graphiques et de réflexion “coup de poing”. Auteur d’images iconiques, Roman Cieslewicz a opéré toute sa carrière un travail méticuleux, méthodique et exigeant qu’il n’a pas manqué de transmettre à ses étudiants de Penninghen où il a enseigné la direction artistique pendant plus de 20 ans. Ses enseignements auront formé la main et l’œil de ses élèves, marqués également par l’écho de son ton unique et de son humour légendaire dont les murs de l’école résonnent encore ! Durant les décennies 80 et 90 il a continué de produire des images passées à la postérité de l’art graphique international. Images fortes qui perdurent comme autant d’empreintes rétiniennes, toujours contextualisées, et dont les messages graphiques recèlent une puissance et une efficacité indémodables, parfois irrésistibles, quelquefois violentes, mais certainement intemporelles.
La qualité et la force des images iconiques.
Roman Cieslewicz, la fabrique des images, MAD Paris - du 3/05 au 23/09 2018
Roman Cieslewicz - Galerie Semiose, 3 rue Chapon, Paris 3e - du 16/06 au 28/07 2018