Invitée à venir échanger avec les étudiants de 5e année, l’architecte et designer Ana Moussinet a partagé à Penninghen le 15 février dernier son approche du métier d’architecte d’intérieur qu’elle relie à une esthétique fonctionnelle dont l’expérience et l’usage donnent la direction artistique.
Devant de futurs professionnels, potentiels collaborateurs, y compris en direction artistique et communication qu’elle est également amenée à côtoyer, Ana Moussinet a choisi les mots justes et pour un dialogue fécond, nourri par son expérience. Diplômée de l’Ecole d’architecture Paris la Villette il y a un peu plus de vingt ans, l’architecte a expliqué que rapidement le choix de se tourner vers l’architecture intérieure s’est imposé, stimulé par le foisonnement des possibles que la discipline offrait et les perspectives créatives qu’elle promettait.
Au sein de sa propre structure, Ana Moussinet met à profit son expertise de l’architecture dans son approche et la vision qu’elle développe au gré de ses projets d’architecture intérieure. Mettant littéralement la création et la notion de l’expérience au centre de sa réflexion et de sa démarche, elle ne cherche pas le “geste pour le geste”. Humble sans être invisible, elle sait s’effacer avec subtilité pour mieux laisser s’exprimer le lieu, l’espace, le volume qui lui sont confiés.
“La lumière construit l’espace autant qu’un matériau.”
Par des jeux de lumières, de couleur, de matériaux, l’architecte d’intérieur qui incarne parfaitement l’aposition des deux termes, aborde le lieu comme si elle “l’écrivait”. En ce sens, le narratif tient une place importante dans sa démarche. Les designers dont elle choisit les pièces de mobilier, les artisans qu’elle fait intervenir, les plasticiens, peintres ou sculpteurs qu’elle convie à travers leurs œuvres, sont autant d’indices qui prouvent sa capacité à penser les lieux avant tout comme des pièces qu’elle compose, écrit, narre, pour mieux les donner à lire et à s’y plonger.
“Quand je structure ma pensée et mon discours pour mon client, je dois être habitée et convaincue”
Pour Ana Moussinet les notions d’échelle sont primordiales. “D’un hôtel 5 étoiles de 180 chambres à l’autre bout du monde, à l’identité d’une boutique située à deux pas de son studio dans le Marais, en passant par le dessin d’un luminaire façon bijoux, Ana se consacre à chaque projet avec le même enthousiasme, le même savoir-faire.” comme la présente l’un de ses distributeurs, l’éditeur de meubles Ligne Roset.
Dans sa pratique, la notion d’usage de l’espace, de l’expérimentation et de la fonctionnalité sont essentielles à sa démarche créative et conceptuelle. L’expertise qu’elle a pu développer dans certains secteurs comme l'hôtellerie lui permet de développer une théorie esthétique qui s’appuie sur une équation qui intègre la donnée du service, celle de l’expérience et au centre celle de l’usage, le tout dans un contexte de cohérence et d’esthétique. Les contextes comme les usagers sont divers. Les codes sont identiques.
“Le client n’est pas un sachant”
Elle conçoit chaque intérieur comme une espace unique et singulier, auquel elle souhaite donner à la fois une âme et un sens. Jamais le beau pour le beau. Pour Ana Moussinet, la notion de service, de fonction sont des données essentielles à son approche et dans les réponses qu’avec ses équipes, elle propose aux commanditaires qui viennent la chercher.
“Il faut savoir comprendre les attentes des usagers, du commanditaire ou du client mais savoir rester fidèle à ses convictions.”
Le design d’usage ne varie pas dans son objectif, seul le discours pour en parler, l’intuition pour le créer sont divers. C’est pourquoi l’ensemble des propositions d’Ana Moussinet est aussi riche et se compose d’autant de variations, de nuances, toutes singulières lesquelles constituent néanmoins un tout, cohérent et identifiable, qui est sa signature.
Cette conférence s'inscrit dans le cycle réservé à tous les étudiants de 5e année de formation architecture Intérieure, de formation communication et de formation direction Artistique dans le cadre du cours de Brand curation conçu et conduit par Gilles Poplin, directeur de Penninghen.
©Benoit Linero
©Anna Moussinet